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Certains de vous le savent, j’aime naviguer à la voile et n’ai pu m’empêcher de filer la métaphore pour notre grande traversée sur l’océan du Coronavirus. Depuis quelques semaines nous expérimentons les joies du confinement, un quotidien en espace réduit.  Christophe Colomb naviguait à l’estime. Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu’avons-nous de commun avec lui ? Que peuvent nous apprendre les marins pour naviguer vers l'inconnu ? Comment l'estime de soi peut nous aider sur la mer de l'incertitude ?

La navigation à l’estime

En pleine mer, quand il n’est plus possible de se repérer à l’aide de la côte pour déterminer la position du bateau, les marins utilisent la navigation à l’estime. Il s’agit du calcul approximatif du chemin parcouru à l’aide des instruments de navigation rudimentaires – boussole, compas, carte et montre – pour définir une zone d’incertitude dans laquelle se trouve le navire. La vitesse et la direction réalisées sur l’eau, la dérive liée aux vents et aux courants qui changent à chaque instant ne peuvent être que des valeurs approximatives. Ces résultats comparés aux prévisions de route permettent de réorienter le cap du bateau.

Quand les instruments électroniques tombent en panne (GPS, etc), les marins naviguent à l’estime pour arriver au port. Mais ils savent bien que rien n’est certain et que…

… tant qu’on n’est pas arrivé on espère être dans la zone d’incertitude.

Nous effectuons une navigation sans visibilité car nous manquons de connaissances, d’informations et d’expériences sur ce nouveau virus et ses conséquences malgré notre technologie. La pandémie du Coronavirus augmente la taille de notre zone d’incertitude et nous oblige à réajuster notre route régulièrement.

Aventuriers comme Christophe Colomb

Christophe Colomb, qui naviguait à l’estime, pensait se diriger vers les Indes Orientales or il a débarqué en Amérique. Comme lui, nous risquons fort de découvrir un Nouveau Monde, un nouveau paradigme.

Christophe Colomb, avec ses découvertes, fut l’initiateur des Temps Modernes qui commencèrent à la fin du Moyen Age.

Christophe Colomb a déployé une énergie folle pour affréter ses caravelles. Nous NON. Il a dû affronter ses peurs, construire un collectif qui le soutienne d’abord pour financer son projet puis choisir son équipage pour affronter cette traversée vers l’inconnu. Nous NON. La pandémie s’impose et nous plonge dans l’incertitude car nous n’avons rien choisi. Et chacun de se replier sur soi pour faire face.

Retrouver et développer le goût de l’aventure individuelle et collective devient une nécessité pour naviguer dans l’incertitude vers l’inconnu des conséquences du Coronavirus.

Inspirons-nous des marins pour vivre cette nouvelle expérience.

La sécurité d’abord

Partager un quotidien dans un même espace favorise les tensions. Le confinement dure plusieurs semaines d’affilée et les tensions s’exacerbent. Quand nous y ajoutons un travail à distance, des enfants à épauler sur le plan scolaire, des petits à occuper et aussi… des clients, une hiérarchie, des collaborateurs à manager à distance sans oublier les repas à préparer matin, midi et soir pour tous, une maison à tenir et… les inquiétudes économiques, personnelles et professionnelle, il y a de quoi « péter les plombs » !

Pour les marins, la sécurité de l’équipage demeure prioritaire. La perte de contrôle de soi-même, la panique d’un équipier mettent l’équipage en danger soit par une mutinerie soit par des décisions inappropriées car trop émotionnelles.

Les vieux loups de mer, endurcis et expérimentés par leurs nombreux embarquements sur un bateau d’où on ne peut s’échapper, sont réputés taiseux. Et si c’était une première réponse de sagesse : découvrir les bienfaits du silence.

Réapprendre le silence amoureux, familial, amical pour se relier à soi-même, s’intérioriser, ne pas se perdre dans l’autre ou les autres et garder sa singularité bienveillante.

L’organisation de la vie à bord

Beaucoup fantasment la liberté des marins sans attache. Or, ils vivent ce paradoxe perpétuel d’aller de port en port sur une embarcation tous ensemble.

La vie à bord est rythmée par les différentes tâches à exécuter ainsi que la tenue des quarts. Un planning, consultable par tous, les définit à l’avance. Que ce soit tenir la barre, réaliser la navigation, participer à la préparation des repas, à l’entretien du bateau…, chaque membre de l’équipage sait ce qu’il à faire. Son périmètre est identifié. Chaque marin connait ses temps de travail et de repos. Celui qui se repose ne sera pas dérangé sauf danger et urgence. Cette organisation diminue les risques de conflits et participe à la sécurité.

Inviter chacun au respect du planning, des horaires de travail et de repos, des tâches domestiques attribuées en fonction des capacités pose un cadre, sécurise et instaure des moments de solitude nécessaires à chacun.

Et l’estime de soi dans tout ça ?

Le mot estime de soi prend tout son sens dans cette nouvelle aventure collective imposée par le Coronavirus. Il s’agit de reconnaitre sa valeur, d’être fier du chemin parcouru ce qui est différent de la manifestation de l’orgueil ou d’un esprit de supériorité. L’estime de soi ouvre à sa propre humanité et singularité d’abord, puis à celle des autres.

Choisir son entourage avec attention, il participe au renforcement de l’estime de soi

La prise de risque associée à la peur fait partie de l’aventure. Si les peurs sont utiles pour nous maintenir en vie, celles que nous nous fabriquons dans nos têtes, sapent souvent l’estime de nous-même. Nous freinerons notre usine à peurs invisibles en restant particulièrement…

… attentif aux choix de nos lectures, films, émissions de TV ou radio, des personnes suivies sur les réseaux sociaux

La peur de disparaitre compte parmi les peurs les plus fortes. Elle se manifeste par la peur de se perdre dans la masse, de perdre sa différence, sa spécificité, son originalité, son identité. La peur d’être englouti dans le collectif. L’affirmation sereine de sa singularité conditionne la réussite de l’aventure collective.

L’estime de soi renforce la confiance en soi et l’affirmation bienveillante de soi.

Si la navigation nous invite à porter notre regard sur l’infini de la mer, la vie à bord en équipage nous pousse à nous adapter en développant de nouvelles aptitudes, capacités, comportements individuels et collectifs. Quand nous affrontons nos peurs, nous remettons l’aventure au cœur de nos vies. L’incertitude devient plus facile à accepter. L’individuel rejoint le collectif dans lequel il ne se sent ni noyé ni englouti.
Embarqués, tenant en estime notre équipage et nous-même, nous naviguons #tousensemble pour atteindre la destination imaginée, qui s'avérera, c’est certain, différente de la réalité. Sacrée aventure que l’histoire humaine !

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